L’ÉPARGNE DES FRANÇAIS ATTEINT DES NIVEAUX RECORD
L’impact de la crise sanitaire sur la consommation et la réduction de remboursements de crédit conduisent à une nette augmentation de l’épargne des Français qui privilégient les placements sécurisés et liquides.
Confinés, peu consommateurs et adoptant des comportements prudents face à un avenir économique incertain, les Français augmentent leur épargne et privilégient les placements sécurisés et liquides.
Dépôts bancaires en hausse
D’après les premières statistiques monétaires et financières établies par la Banque de France, en mars 2020, premier mois de confinement, les Français ont augmenté leurs dépôts bancaires 19,6 milliards d’euros, un record. Pour mémoire, sur les trois dernières années, la moyenne mensuelle des dépôts s’établissait à 6 milliards d’euros.
Ces sommes se répartissent entre les dépôts à vue qui ont progressé de 13,8 milliards d’euros et les dépôts rémunérés, largement représentatifs de l’épargne réglementée (livret A, LDDS) en hausse de 5,8 milliards d’euros. Avec 2,7 milliards d’euros, la collecte sur le livret A a même doublé.
Nette progression de l’épargne financière liquide
On enregistre une augmentation très forte de l’épargne financière liquide des ménages avec une progression de 21,6 milliards d’euros en mars. À titre de comparaison, le montant moyen l’épargne financière liquide s’élevait à 7 milliards d’euros par mois, les trois dernières années. La détention de billets et pièces par les ménages est, elle aussi, en hausse (+ 2 milliards d’euros). Cette hausse correspond à un phénomène d’épargne forcée, à rapprocher de la forte baisse de la consommation, du fait des mesures de confinement. Selon la Banque de France, en mars les ventes du commerce de détail ont en chuté de 24 % par rapport à février. De possibles comportements de thésaurisation viennent majorer ce phénomène.
Décollecte en matière d’assurance-vie
Face à la forte volatilité sur les marchés financiers, les ménages ont vraisemblablement été vendeurs nets sur leurs placements financiers non bancaires (contrats d’assurance-vie et placements sous gestion collective : Sicav, FCP). Ce phénomène se traduit par une chute de la collecte nette de l’assurance-vie. D’après les chiffres de la Fédération française de l’assurance (FFA), les retraits ont atteint 11,2 milliards d’euros, alors que les dépôts n’ont atteint que 9 milliards d’euros.
Ce mouvement de décollecte est comparable aux chiffres du second semestre de l’année 2011. En avril 2011, la collecte nette de l’assurance vie avait reculée de 48 % pour le premier tiers de l’année.
Contraction des crédits
Pour les ménages, la progression des crédits s’est brutalement interrompue. On enregistre des remboursements nets des prêts à la consommation. Ce phénomène est une conséquence logique de la quasi-suspension, à compter de mi-mars, des ventes de biens de consommation durables (électroménager, automobiles) qui s’accompagne généralement de la production de nouveaux crédits.
En matière de prêt immobilier, les flux nets de crédits à l’habitat se sont fortement contractés même si, avec 1 milliard d’euros en mars, ils sont encore légèrement positifs, du fait d’opérations signées dans les semaines précédant le confinement. À titre de comparaison, sur les 3 dernières années la moyenne mensuelle avoisinait 5,6 milliards d’euros.