Affrontement entre petits actionnaires et fonds spéculatifs. L’arroseur arrosé !
Une foule d’investisseurs a pris d’assaut la citadelle des Hedge Funds. Massivement vendeurs à découvert, ces derniers ont dû couper leurs positions en acceptant des pertes massives.
Le titre de l’action GameStop a été au centre d’un affrontement boursier entre des petits actionnaires américains qui se sont coordonnés sur des plateformes de discussion en ligne et de grands fonds d’investissement spéculatifs. Propriétaire notamment des magasins Micromania en France, GameStop connait des difficultés face à ses concurrents en ligne et a été souvent annoncé en banqueroute.
Plusieurs fonds spéculatifs ont misé sur une baisse du cours de l‘action de l’entreprise (« short sell » ou « vente à découvert »).
Miser sur la baisse du cours d’une valeur pour la racheter moins chère au moment de la restituer à son propriétaire est perçu comme immorale par la majorité des petits épargnants.
En réaction, les membres d’un espace de discussion sur l’application Reddit ont décidé de s’encourager mutuellement à acheter des titres GameStop via l’application de courtage en ligne, Robinhood (j’adore leur nom !), pour en faire augmenter le cours et nuire aux fonds spéculatifs. Mis en difficulté par la forte hausse de l’action, passée d’environ 40 USD à plus de 350 USD en cinq jours (!), le fonds Melvin Capital a dû mettre fin à son opération de vente à découvert, au prix d’une lourde perte sur l’opération (quelques milliards de USD !).
Avec GameStop, les spéculateurs ont trouvé en face d’eux une armée de petits porteurs (2 millions) venus soutenir la valeur. Ils ont fait grimper le cours et ont piéger les « short-sellers ».
GameStop est le cas récent le plus emblématique. Le phénomène semble gagner l’Europe avec toutefois des mouvements moins spectaculaires (Varta, Unibail-Rodamco, Vallourec, Technip).
Le principe de base d’un investissement en Bourse est de miser sur la hausse des actions (c’est bien entendu ce que nous privilégions chez HPC) mais parier sur leur baisse est aussi possible. La vente à découvert (que nous déplorons) consiste à emprunter des actions à un courtier (ou une même une banque) pour les vendre, dans l’objectif de les racheter plus tard à un prix qui aura baissé pour les lui rendre et ainsi empocher la différence. Un pari extrêmement dangereux. Si en revanche, le cours augmente, le risque potentiel de ces « vendeurs spéculatifs » – qui vendent un titre qu’ils ne possèdent pas – est infini. On parle alors de « short squeeze ».
Que penser de cette histoire ?
Il est difficile de voir une infraction dans les échanges en lignes des petits porteurs tant que n’étaient pas divulguées d’informations confidentielles (« délit d’initié »). Ce qui a été le cas. Cette action illustre une nouvelle fois la puissance des réseaux sociaux capables de mobiliser des millions de personnes. Cette affaire nous rappelle la fragilité actuelle des marchés financiers et le manque de liquidité des titres lorsque les investisseurs sont pris à contre-pied.
Avec cet exemple « jamais vu », il faudra certainement compter désormais sur les réseaux sociaux pour surveiller les valorisations. Le monde de la finance est lui aussi touché par cette accélération de la digitalisation.
Frederick HASKELL